Des médecins répondent aux questions : la MT et la dépression chez les jeunes

Le Dr William Stixrud, PhD, est neuropsychiatre clinicien et directeur de la « William Stixrud & Associates » à Silver Spring dans le Maryland. Cette association est spécialisée dans les troubles de l’apprentissage, de l’attention, ainsi que les troubles socio-émotionnels. Le Dr Stixrud est également consultant au « Children’s Medical Center » à Washington DC. Le Dr Stixrud possède des années d’expérience dans l’étude des effets de la Méditation Transcendantale sur la dépression.

Mon fils adolescent a de graves problèmes de dépression. La technique de la MT peut-elle l’aider?

Dr Stixrud : Nous savons qu’il y a une composante génétique à la dépression, mais les gènes contribuent beaucoup moins à la dépression qu’à d’autres troubles, comme l’autisme et le TDAH. La contribution de la génétique à la dépression est de l’ordre de 35-50 %, ce qui signifie que la contribution la plus importante ne provient pas de la génétique, mais des expériences vécues par le sujet. Et le principal coupable est le stress.
Les spécialistes décrivent la dépression comme un trouble de dérégulation du stress, ce qui signifie que la réponse au stress de l’organisme, appelée réponse de « combat / fuite », devient désordonnée. Les parties du cerveau qui perçoivent une menace deviennent hyperactives et réagissent de manière excessive. Durant la période précédant la dépression, les enfants se sentent stressés, anxieux et pensent que le monde est plus menaçant qu’il ne l’est réellement. Après un certain temps, la réponse au stress deviendra moins efficace et cessera de fonctionner correctement. Alors, tout le mécanisme censé protéger l’enfant travaillera en fait contre lui.

Il est donc extrêmement important de prévenir la dépression chez les enfants ?

Dr Stixrud : Un des plus grands spécialistes dans le domaine de la santé mentale chez les enfants et les adolescents, osa dire que la plus haute priorité politique devrait être la prévention des problèmes psychologiques chez les enfants et les adolescents. En prévenant l’apparition de ces problèmes dans l’enfance et l’adolescence, nous pourrions aussi prévenir la plupart des problèmes de santé mentale chez l’adulte, pour lesquels nous avons maintenant un prix énorme à payer, en souffrance humaine d’abord et en matière de coûts de soins de santé ensuite.
La prévention de la dépression consiste, pour une part, à créer un environnement dans lequel les enfants se sentent en sécurité, dans lequel leur réponse au stress n’a pas besoin d’être activée tout le temps, et d’autre part, à les aider ainsi à apprendre à normaliser leur réponse au stress. Je suis vraiment un grand supporter du mouvement des « Ecoles Sans-Stress » (qui favorise la Méditation Transcendantale dans les écoles] parce que ce projet met l’accent sur la création d’un environnement dans lequel les enfants peuvent se sentir en sécurité.
Le deuxième volet de prévention de la dépression est d’enseigner simplement, aux enfants et aux jeunes, comment « normaliser » leur propre « système de stress », de sorte qu’il ne déclenche pas une réponse hyperactive au stress, les avertissant sans cesse de dangers qui n’existent pas ou qui sont grandement exagérés. Et bien sûr, la technique de la Méditation Transcendantale peut les aider.
Il existe de nombreuses façons de contribuer à la prévention de la dépression chez les enfants et les adolescents, et la Méditation Transcendantale a un grand rôle à jouer dans ce domaine.

Recommandez-vous la technique de la Méditation Transcendantale à vos patients ?

Dr Stixrud : Oui, et je ne suis pas le seul. Un spécialiste de haut niveau dans le domaine du développement du cerveau et des problèmes de santé mentale de l’enfance en a informé jadis l’un de mes jeunes patients qui voulait abandonner ses médicaments antidépresseurs. Il lui dit : « Vous avez mon accord aussi longtemps que vous ferez trois choses : avoir un horaire quotidien régulier, veiller à dormir suffisamment et apprendre à méditer ». Il lui dit cela parce qu’il avait travaillé au « National Institutes of Health » où les chercheurs étudiaient la relation entre le stress et la dépression. Il savait que lorsque les gens sont déprimés, leur réponse hormonale au stress est dérégulée, ce qui peut être évité en normalisant la réaction au stress. La pratique quotidienne de la technique de la Méditation Transcendantale aide les jeunes à se construire une espèce d’ordre, une structure et une routine au cours de leurs journées, et à permettre ainsi au système nerveux de mieux fonctionner.

La dépression est-elle un problème très répandu parmi les enfants ?

Dr Stixrud : Oui, l’une des choses dont il faut vraiment se soucier au sujet de la dépression, est la façon dont elle se produit chez les jeunes. Il n’y a pas d’accord unanime parmi les professionnels dans ce domaine, mais beaucoup pensent que nous commençons à observer une épidémie de dépressions. Presque tout le monde est d’accord pour dire que la dépression apparait de plus en plus tôt. Il y a une ou deux générations, c’était vers 34 ou 35 ans. Maintenant, on observe des dépressions à 14 ans.
Les chercheurs disent que la dépression crée des cicatrices dans le cerveau, de sorte que même si les adolescents sont traités avec succès, ils restent toujours plus « pessimistes » qu’ils ne l’étaient auparavant. Ils ont toujours plus de mal à dormir, ce qui leur donne un risque accru de tomber dans une nouvelle dépression. Chaque fois qu’un patient fait une dépression, il augmente ses chances de développer une dépression chronique. C’est pourquoi les spécialistes disent que la plus haute priorité est la prévention des problèmes de santé mentale chez les adolescents.

Il semble qu’il y ait plus de pression sur les jeunes qu’il n’y en ait jamais eu auparavant.

Dr Stixrud : j’ai vu un garçon atteint du TDAH quand il avait 10 ans. Il était hyperactif, nullement renfermé, agréable, très drôle, très intelligent et extrêmement sympathique. Je l’ai revu quand il avait 16 ans et il était sous antidépresseurs. Je lui dis : « Pourquoi prends-tu ce Zoloft ? « Il me répondit : « Eh bien, ils m’ont appelé l’enfant Téflon, car lorsque j’étais plus jeune, tout a toujours été facile et j’étais toujours de bonne humeur. Mais quand je suis arrivé en secondaire, je ne dormais plus assez. Je voulais vraiment aller à la « Duke University » (l’une des universités les plus prestigieuses des États-Unis) et j’ai commencé à étudier tous les soirs jusqu’à 1heure du matin pour obtenir les meilleurs résultats possible à l’école. Et je me suis épuisé. Je suis devenu déprimé ».
Je pense que ce comportement est de plus en plus répandu, surtout chez les filles. Une fois qu’elles arrivent à l’adolescence, les filles ont un risque beaucoup plus élevé de dépression que les garçons. Je fais beaucoup de consultations dans les écoles privées de filles, beaucoup sont très exigeantes vis-à-vis d’elles-mêmes, au niveau académique j’entends. J’essaie d’aider la direction de ces écoles à comprendre qu’il n’y a aucun intérêt à ce que ces adolescentes deviennent si fatiguées et si stressées qu’à long terme elles finissent par devenir déprimées. À Harvard par exemple, 80 % des élèves ayant réagi à une enquête déclarèrent s’être sentis déprimés durant l’année écoulée.

La technique de la MT peut donc aider ces enfants et adolescents à réduire leur stress ?

Dr Stixrud : J’ai le sentiment qu’apprendre aux enfants à pratiquer la technique de la Méditation Transcendantale est la meilleure chose que nous puissions faire pour eux. Je dis cela parce qu’elle peut aider à créer des environnements relativement exempts de stress, à normaliser leur réponse au stress, à construire l’ordre et la régularité dans leur routine de vie et également à créer un niveau profond de bonheur, de créativité et d’énergie.